Radio - Canada - Émission du vendredi 2 décembre 2011
Quatre milliards de dollars ont même déjà été versés pour effacer les
traces du séisme. Dans cette série de reportages réalisés pour le web,
la journaliste Paule Robitaille tente de comprendre la situation en
visitant les camps de réfugiés les plus importants.
OÙ SONT PASSÉS LES MILLIARDS?
Le président haïtien, Michel Martelly, soutient que plus de 4 milliards
ont été dépensés depuis le tremblement de terre, mais il serait
incapable de montrer ce qui a été fait avec ces 4 milliards. Où est donc
passé cet argent?
Le camp 5 étoiles de Sean-Penn
Le camp J/P HRO, ou camp de Pétionville, que les Haïtiens ont
rebaptisé Camp Sean-Penn, est situé sur le golf du seul Country Club de
Port-au-Prince (Pétion-Ville Golf Club). Quinze mille personnes y
vivent. Il est l'un des mieux pourvus d'Haïti avec son école gratuite,
ses latrines en béton et ses panneaux solaires. Depuis la mise en ligne
de ce reportage, l’organisation de Sean Penn nous a informés qu’elle
avait relogé la pharmacie et la clinique dans le voisinage du camp, là
d’où proviennent la majorité des réfugiés. Quant à l’école, on est en
train d’en construire une autre à l’extérieur du camp.
LE CAMP DE CHAMP-DE-MARS : UN NOUVEAU QUARTIER DE PORT-AU-PRINCE?
Comme son nom l'indique, ce grand camp de 30 000 déplacés est situé sur
le célèbre parc du Champ-de-Mars au centre-ville de Port-au-Prince.
Contrairement au camp de l'acteur Sean Penn, on n'y compte que très peu
de services offerts par les ONG, à part des latrines portatives. La
criminalité et les agressions sexuelles sont de réels problèmes, surtout
lorsque la nuit tombe. C'est la loi de la jungle. Ce camp explosif est
d'autant plus problématique qu'il est situé à un jet de pierre du palais
présidentiel. Malgré tout, il y a plusieurs avantages à garder un
pied-à-terre ici. Le Champ-de-Mars serait-il en train de devenir un
autre quartier de Port-au-Prince?
BARBANCOURT : QUAND LES PROPRIÉTAIRES PERDENT PATIENCE
Le propriétaire de Barbancourt 17, un industriel haïtien, a toléré la
présence des déplacés sur le terrain de son entreprise. Là, il a perdu
patience. Après des menaces des deux côtés, il obtient de la cour un
ordre d'éviction. Les déplacés doivent partir. L'Organisation
internationale pour la migration (OIM) avait négocié une place pour eux
dans un autre camp. L'entente échoue lamentablement. Les déplacés de
Barbancourt se retrouvent dans la rue.
LE CAMP DE CORAIL-CESSELESSE
Ce camp se situe au coeur d'une vaste plaine au pied du Morne, à environ
une heure de voiture au nord de Port-au-Prince. La création de ce camp a
fait les manchettes en avril 2010, trois mois après le tremblement de
terre. Le camp de l'acteur Sean Penn était surpeuplé. Environ 5000
personnes avaient planté leurs tentes sur le flanc d'une colline.
C'était dangereux. Il fallait absolument les déménager. Les
organisations internationales, dans l'urgence, ont trouvé un immense
champ au milieu de nulle part appelé Corail Cesselesse. Plusieurs ont
qualifié ce transfert de fiasco. En un an et demi, il y a eu un boom
démographique sans précédent : l'endroit et les champs environnants sont
passés de 5000 à 100 000 personnes. Une banlieue instantanée.
LA RECONSTRUCTION : LE GRAND GÂCHIS
L'aide humanitaire a été dépensée pour l'urgence et le transitoire. Il
ne reste plus rien pour la reconstruction. À Port-au-Prince, pas une
grue à l'horizon. Deux ans après, les débris sont partout. Impossible de
recueillir des fonds pour ramasser les décombres. Il y a trop souvent
un fossé entre les réalités sur le terrain et la perception des agences
internationales de ces besoins. C'est le constat deux ans après
le séisme.
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